10 mars 2015

FLEXI DISC #1

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Il fut un temps où le disque vinyle était partout. Mais vraiment partout. Et surtout le format 7".
En France on dit "45 tours", ce qui est une hérésie. 45 tours, c'est le nombre de rotations que fait le disque par minute. Or, un disque qu'on appelle, nous en France, "33 tours" (mais dont on se fout en fait de savoir le nombre de tours qu'il fait par minute) peut très bien tourner en 45 tours.
Je sens que vous êtes perdus.
On va faire simple : les "petits disques"(qu'on appelle en anglais 7" pour "7 pouces") peuvent aussi bien tourner en 33 tours qu'en 45 tours. Ils pourraient même tourner en 25,764 tours si on voulait.
Sur un "petit disque" qui tourne en 33 tour, le son sera d'autant plus pourri que il y a moins de sillon à  lire pour le diamant (je te fous plus de données dans le même espace)

Vous suivez oui ou merde ?

Et donc les "grands disques"(qu'on appelle en anglais un 12" pour "12 inches") peuvent aussi bien tourner en 33 tours/minute qu'en 45 tours/minute.
Notez que dans le temps où le vinyle était partout, on appelait judicieusement un grand disque "30 centimètres" et un petit "17 centimètres", et les vaches étaient aussi bien gardées que bien nommées.
Pour la clarté du propos et votre santé mentale je ne parlerai pas des 10" (25 centimètres) pour lesquels j'ai pourtant une affection particulière.
Retenez juste que plus un disque tourne vite sur une grande surface, meilleur est le son. D'où l'invention et le succès des fameux "maxi-45 tours" (qui étaient au format 12") qui sont nés à la fin des années 70 pour les clubs qui voulaient, je cite, "un son qui patate avec un maximum de basse".

Tout ça pour vous parler d'un support vinyle (on y vient on y vient) lancé en masse dans les années 50, et qui lui n'a pas été réputé pour sa qualité sonore : le "flexi disc". Comme son nom l'indique, il était flexible. Et donc léger, et donc aussi peu onéreux à envoyer que résistant aux chocs dus aux transports par la poste. Accessoirement, mais pas tant que ça, il coutait aussi moins cher à produire.
Si tu plies un flexi disc en faisant toucher bord à bord, il revient en place tout seul, et tu peux encore l'écouter. Sur un vinyle traditionnel, vous devinez aisément que non : vous obtenez juste deux bouts de disque dont aucun des deux ne peut être écouté. Ce qui n'est donc pas terrible.

Dès son invention on trouva rapidement des flexi discs insérés dans toutes sortes de magazines et publications.  Vous pouviez aussi bien y trouver bien des histoires pour enfants, que des discours d'hommes politiques, de la musique, des recettes de cuisine ou des leçons de yoga. Beaucoup de marques commerciales lancèrent leurs propres labels pour pouvoir envoyer des "singles" à leurs chers clients. En gros, si tu achetais assez de packs de lait X, que tu gardais tes coupons et que tu envoyais le tout à la marque X, elle t'envoyait un disque de son catalogue (auquel tu pouvais aussi t'abonner). Regardez l'enveloppe "Grosjean Rama" à la fin de l'article, c'est très clair. Ce système cartonnait sévère.
Ce support était essentiellement promotionnel distribué gratuitement : personne n'allait acheter un flexi disc, soit on en chopait un dans un magazine soit on l'avait par abonnement à une marque en montrant qu'on était un consommateur assidu de celle-ci) était donc partout. Cheap et jetable. Résultat, malgré la masse incroyable qui a été produite, il n'en reste pas tant que ça.
Il est bien évidemment passé de mode à la fin des années 80, pour vivoter très difficilement jusqu'en 2000, pile-poil.

En 2007 quand APRIL77RECORDS a été lancé, j'ai essayé de retrouver les usines, fabricants, techniciens i tutti quanti qui avaient produit ces fameux flexi discs car nous voulions en insérer dans des magazines pour faire la promo du label. Ca paraissait aussi cool que pertinent puisqu'on sortait une chiée de vinyles (entre autres). J'en ai vraiment bavé : mes recherches m'ont emmené (au téléphone et par mails) de la Grèce au Canada en passant par la Corée. J'ai tout essayé : pas moyen, le flexi est bien mort et enterré, maintenant jeune homme arrêtez de nous harceler avec ça on n'en fait plus, on ne sait même plus où sont les machines. Ou "on a les machines mais on n'a plus la matière première qui faisait le disque". Où "on a les machines et un vieux stock de matière première" mais le seul technicien qui savait faire est mort la semaine dernière" (véridique).
Chou blanc, déception.
Mais figurez vous que le flexi disc est finalement réapparu. Et oui.
Quand ? Fin 2010, pile quand on fermait APRIL77RECORDS. No comment. Je m'aperçois d'ailleurs que APRIL77RECORDS est malheureusement déjà passé aux oubliettes de l'histoire  de l'Internet, par faute d'avoir gardé son back catalogue et ses infos quelque part sur un serveur. Faut toujours se méfier des webmasters (alors les gars du boulot qui liraient ça, non ça ne s'adresse pas à vous). Mon label obsolète est lui toujours en vie sur un vieux serveur free, et ça fait 15 ans. Fin de la digression. M'enfin dommage, on avait sorti de bons et beaux trucs (matez-moi ce joli coffret avec polo inclus).
Ceci dit APRIL77 a justement sorti un flexi (des Black Lips) l'année dernière (sans la marque APRIL77RECORDS, on trouvait ça dans la catégorie "musique" du site ou dans la boutique). Manque de bol il est épuisé, et donc il a AUSSI disparu de l'internet. Décidément.
Tout ceci pour dire que depuis 2010 et la reprise de la production, il a à nouveau son heure de gloire chez les initiés et ce que certains appelleront les "hipsters". The Kills ont, par exemple, sorti un flexi de "The last Goodbye", mais la liste est très longue.

Sous vos yeux ébahis je vous sors donc juste quelques photos qui montrent l'étendue parfois rigolote de l'emprise du flexi-disc à partir des années 50, avec une petite sélection basée sur les marques françaises, c'est toujours plus parlant. J'aurais pu vous sortir des flexi de Kerrang du début des années 80 ou des cours d'histoire des années 70 mais bon, une autre fois peut-être (edit : dans cet article).

J'ai donc choisi pour vous :
- les "Disques bleus" qui sont.. bleu (bravo) pour les "Emballages Speed", bel exemplaire de 1970.
- les disques "Café Maurice" pour son côté tellement français qui sent le Tour de France suivi sur une radio à lampes. On regrette juste un vrai nom de label qui claque en lieu et place du simple nom de la marque.
- niveau nom de label qui claque, "Grosjean Rama" (pour les fromages Grosjean), on peut dire que ça envoie du gros. Je vous ai juste mis l'enveloppe, avec un joli tampon de 1960. Fermez les yeux, vous entendez la voix du Général.
- premier ex aequoDisco-Bana de la marque Banania. Je me prends à rêver qu'il y ait quelque part sur terre un t-shirt Disco-Bana, et que je le trouve. Vraiment.

Voilà pour les flexi discs. Un de ces 4 je balancerai des photos sur un autre article, et vous n'aurez qu'à taper "flexi disc" en recherche pour le trouver, et savourer encore plus de bonheur désuet qui sent bon la musique qui craque.
Edit : c'est là que ça se passe pour la suite.

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1 commentaire:

  1. Bordel j'avais jamais ni vu ni entendu parlé de ça. si ça se refait faut que je trouve ça pour mon groupe c'est trop cool on va en faire !

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